Texte de Mathilde LECLECH

« L’impatience commence. Le décompte est lancé. Elle est là avant moi. Elle l’a toujours été. . Partout elle me précède, anticipe, appréhende. . Elle veut voir. Tout de suite. Ce que ça va donner. Même si c’est pas beau à voir, elle veut voir. Il le faut. Elle l’exige. . Elle veut et doit savoir, se rendre compte. Sans attendre. . L’attente la paralyse, la prive de ses moyens. Elle n’est capable de rien sinon de compter ce qu’elle peut pour se détourner du temps, ne pas trop y penser. . Elle se focalise sur l’insignifiant, dans un effort pour ne pas redouter l’essentiel qui l’attend autant qu’elle attend, elle. . Des chiffres à contre-sens qui tentent de remonter le temps pour le faire avancer. . Pendant qu’elle compte, il passe. Pendant qu’elle compte ces chiffres, elle ne le voit pas passer. Elle ne le voit pas venir, le moment redouté. Oubliant depuis quand elle l’attend sans bouger. »